Le ministre a annoncé le recrutement de « gendarmes verts » face aux feux de forêt. Ils ne compenseront jamais l'affaiblissement des services de prévention et de secours.
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On ne reprochera pas à Gérald Darmanin son manque d’inventivité. Dans un entretien au Journal du dimanche (21 août), l’omniprésent ministre a annoncé vouloir lancer le recrutement de « 3 000 postes de gendarmes verts ». L’objectif est d’« améliorer le travail d’enquête judiciaire », notamment dans les affaires d’incendies volontaires et de « renforcer massivement les moyens de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement (Oclaesp) », qui a aussi pour mission de lutter contre une multitude de trafics (médicaments, déchets, espèces protégées…) mais également contre le dopage dans le sport, les pollutions physiques, les scandales alimentaires ou le bioterrorisme. N’allez pas croire à des embauches. Le ministre veut seulement que, « dans chaque brigade de gendarmerie, il y ait des gendarmes formés aux atteintes à l’écologie ». Repeindre ainsi des bleus en vert « sera une révolution », assure-t-il. Sérieux ?
C’en serait une en revanche de renforcer les services publics en charge des missions de protection de notre patrimoine vert, dont la faiblesse des moyens humains et matériels est cruellement apparue cet été. Faute de stratégie forestière, l’État ne cesse d’affaiblir l’Office national des forêts, chargé de la sauvegarde et la protection des forêts publiques – 10 % du territoire. En trente ans, le nombre de gardes forestiers assermentés était passé de 9 000 à 3 000, déplorait-on quand l’adoption de la loi Asap en 2020 prévoyait de réduire encore leur nombre. Or leur rôle dans l’entretien de la forêt et donc la prévention des incendies est indéniable. Comme pour préparer nos forêts au changement climatique et aux défis qui l’accompagnent.
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Et que dire des moyens des pompiers, qui ont laissé entrevoir leurs limites faute d’investissement et de recrutements suffisants. De nombreux acteurs jugent urgent de renouveler et d’augmenter notre flotte de Canadair. De revoir leur maintenance, confiée pour des raisons d’économie à une entreprise privée, et d’augmenter le nombre de pilotes (16 commandants de bord quand il en faudrait 22).
Après les violents orages en Corse le 18 août, Gérald Darmanin a reproché à Météo-France un défaut de prévision. C’est oublier que ses effectifs ont, eux aussi, fondu de près d’un quart depuis 2012, selon un rapport du sénateur Vincent Capo-Canellas (Union centriste) publié en septembre 2021. Sur la même période, la principale subvention que lui verse l’État a diminué de 20 % et l’établissement public aura fermé les deux tiers de ses implantations territoriales à la fin 2022.
Des « gendarmes verts » peuvent être utiles mais ne compenseront jamais l’affaiblissement des services de prévention et de secours.
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