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Tribune. La crise du Covid-19 a démontré de façon éclatante que l’équipement numérique des enseignants est indispensable pour permettre la continuité pédagogique et qu’il le sera peut-être encore à chaque fermeture totale ou partielle des établissements. Cette crise aura aussi été l’occasion de rappeler que de tels équipements ne sont généralement pas fournis aux enseignants par leur employeur, l’Etat.
Le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a reconnu que le problème méritait d’être posé et l’a donc logiquement mis sur la table. Une « prime d’équipement informatique » à l’horizon 2021 fait en ce moment l’objet de discussions avec les syndicats.
Le sujet n’est pas nouveau. Les syndicats portent cette revendication depuis plusieurs années, mais le moins que l’on puisse dire est qu’elle ne fait pas partie de leurs priorités. Si les enseignants eux-mêmes ne manquent pas de rappeler l’anomalie dont ils se disent victimes, c’est davantage dans la perspective d’appuyer une demande récurrente de revalorisation de leur rémunération que pour faire avancer une revendication spécifique.
Il n’est en effet pas certain que, dans leur majorité, ils attendent et espèrent de l’Etat qu’il les dote d’un ordinateur comme le font les autres employeurs. Les difficultés d’une telle opération centralisée au niveau national sont en effet nombreuses.
Pour l’Etat : un coût récurrent considérable, aggravé par l’obligation d’entretenir dans la durée un service d’assistance, de maintenance et de mise à jour. Pour les professeurs : un matériel standard imposé par l’Etat, avec ses inévitables dispositifs de contrôle qui contrarieront des professionnels très attachés à leur autonomie.
L’outil de travail n’est pas l’affaire de l’Etat
La solution d’une prime versée chaque année et couvrant les dépenses forfaitisées d’acquisition, d’entretien et de connexion au réseau peut donc sembler plus adaptée, et c’est d’ailleurs celle évoquée par le ministre. Cette proposition est bien reçue par les syndicats car elle renforce leur revendication salariale. Mais cet avantage masque une incohérence de fond qui pourrait, à terme, se retourner contre eux. Une prime à la hauteur des besoins réels en équipement des enseignants risque de consommer une part importante des moyens promis pour revaloriser la profession.
Par ailleurs, la légitimité du financement par l’Etat pourrait être mise en question. La solution d’une prime mêle et confond deux sujets bien distincts : celui de la rémunération et celui de l’outil de travail. La rémunération est bien l’affaire de l’Etat, mais pas l’outil de travail.
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September 08, 2020 at 11:30AM
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« Qui doit financer l'équipement numérique des enseignants ? » - Le Monde
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