Space invaders
The Silent Sea raconte le voyage d'un petit équipage coréen au sein d'une station lunaire dévastée après un accident mystérieux survenu cinq ans auparavant. Leur mission consiste à retrouver des échantillons des expériences menées par la précédente équipe, dont il ne reste aucun survivant.
Si les interrogations avant le départ sont nombreuses, particulièrement pour la Docteure en astronomie et en biologie Song (Doona Bae), elle se résout, à la demande de sa hiérarchie, à accepter de partir sur la Lune. Pendant ce temps, sur Terre, l'eau manque cruellement, et la population mondiale subit un rationnement important. Il se pourrait bien que la mission du petit équipage soit plus importante, mais aussi plus périlleuse que prévu.
Pour une fois, Bae Doona n'est pas celle qui crève le plus l'écran
Grossièrement, The Silent Sea est l'enfant d'Alien et d'un épisode de Doctor Who nommé The Waters of Mars. La série récupère tous les tropes du genre, de la mystérieuse expérience commanditée par des bureaucrates aux desseins inconnus, jusqu'à la disparition des membres de l'équipage enlevés un à un par une force inconnue. Évidemment, tous les personnages principaux ont des affects et des intérêts cachés qui se révèleront être des points clés de l'intrigue, parfois de façon grossière, mais supportée par un casting de qualité.
Tandis que la première partie est une enquête fastidieuse (qui rappelle les jeux Playstation où le but est d'ouvrir des portes avec des clés pour accéder à d'autres portes, à ouvrir avec d'autres clés) sur la mission menée cinq ans plus tôt et le funeste destin de l'équipe précédente, la seconde partie de la série s'emballe un peu plus en proposant une copie un peu plus personnalisée. C'est aussi et surtout dans cette seconde partie que le scénario parvient à surprendre parfois, en jouant de façon élégante sur les nerfs du spectateur, pas certain de savoir s'il a mis un pied dans le fantastique ou pas.
Gong Yoo en homme inflexible et bourré d'abnégation, pas très original, mais efficace
Extraterrestre, mais pas extraordinaire
Du point de vue de son scénario, The Silent Sea est très prévisible pour une bonne partie de la série, qui s'améliore nettement au fur et à mesure des épisodes. Si les 3 à 4 premiers épisodes sont longs, c'est avant tout parce que le spectateur comprend trop bien ce qui se profile à l'écran.
Les moments sur Terre (d'ailleurs dépeinte avec un filtre jaune hideux) ne servent qu'à donner aux personnages des histoires tragiques justifiant leur jusqu'au-boutisme dans une mission qui s'annonce suicidaire, ou à nous parler encore et toujours de la pénurie d'eau. L'apparition de l'élément déclencheur n'a rien d'une révélation, mais fait au contraire soupirer de soulagement. Souriez, l'exploration des nombreuses bases de stockage est terminée, et l'intrigue se lance enfin.
La deuxième moitié de la série parvient au contraire à se démarquer en se servant avantageusement des histoires (très stéréotypées) des personnages, et à donner un vrai goût de science-fiction classique, mais relativement efficace. En outre, on pourra expliquer le problème de rythme de la première moitié de la série par le fait que cette dernière est l'adaptation d'un court-métrage de Choi Hang-yong.
Vous la sentez, là, l'apesanteur ? Aucun bond, aucune envolée, rien
Le casting est le gros point fort du programme, puisque les têtes coréennes connues qu'il mobilise se donnent sans compter pour donner de l'épaisseur à un récit relativement commun (et qui ne tiendra pas la comparaison face à un Perdus dans l'Espace). Gong Yoo, Heo Sung-tae et Kang Mal-geum sont tous apparus dans Squid Game, tandis que Bae Doo-na est déjà connue du grand public occidental depuis longtemps grâce à sa collaboration avec les soeurs Wachowski ou ses rôles dans The Host ou Sympathy for Mister Vengeance (films de réalisateurs coréens qui sont parvenus à s'exporter durant l'expansion du genre au début des années 2000).
Si tous ces acteurs rendent cohérents et crédibles les enjeux du récit, Kim Sun-young dans son rôle de médecin de l'équipage est indéniablement la pépite de The Silent Sea. Elle parvient à garder son sang-froid à l'image de la doctoresse professionnelle qu'elle est, tout en étant capable de jouer le bouleversement lorsque la situation l'exige. La jeune Kim Si-a parvient quant à elle à livrer une interprétation poignante et très efficace dans un rôle aussi ambigu à seulement 13 ans.
Le filtre jaune sur la Terre asséchée donne un sentiment de Narcos Mexico
DANS LES ÉTOILES
Ce casting efficace porte tout au long de la série diverses combinaisons de cosmonautes quant à elles plutôt classique. Cet adjectif, classique, est probablement le plus adapté pour qualifier toute la direction artistique du programme. La musique est discrète jusqu'à la fin de la série qui parvient à livrer quelques thèmes mémorables, et l'intérieur de la base spatiale ressemble à n'importe quelle autre base spatiale, à quelques exceptions près, impossible de nommer sans révéler des détails de l'intrigue.
On regrettera toutefois une utilisation plutôt faiblarde du matériau de base, à savoir de l'espace. Visible au début, à la fin, et dans quelques passages, il semble que pour des raisons techniques, les particularités de cet environnement sont relativement peu utilisées dans le récit, le rendant parfois cheap "par omission". Si rien n'en a été fait, c'est probablement parce que la production ne s'en est pas donné les moyens.
"Mais ça serait pas les traces d'un huitième passager ça ?"
Au contraire, la série mérite d'être épinglée pour sa difficulté à servir ce matériau de base. Si certains plans larges de la Lune sont bons, il est très amusant de constater que l'effet de faible gravité n'a pas pu être reproduit. En résulte un casting obligé de faire des mouvements très larges pour simuler la faible gravité, ce qui ne trompera pas l'oeil du spectateur. De la même façon, il est étonnant de voir des militaires musculeux souffrir lorsqu'il faut porter un coéquipier dans la mesure où ce dernier, avec tout son équipement d'astronaute, ne devrait pas peser plus d'une trentaine de kilogrammes.
On appréciera par contre une mise en scène correcte, ainsi que quelques moments qui produisent des effets élégants en jouant sur l'espace noir et l'éclairage des combinaisons et de la base spatiale. Les effets visuels sont quant à eux peu utilisés (et encore une fois, citer les meilleurs n'est possible qu'en spoilant des points clés de la série), une grande partie de l'intrigue étant un huis clos nerveux. Le meilleur est définitivement lorsque la série s'envole pour conter du bizarre, ou de l'étrange, ce qu'elle ne fait malheureusement pas assez.
La saison 1 de The Silent Sea est disponible sur Netflix depuis le 24 décembre 2021
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