Projeté mercredi 7 juillet, en ouverture de la Semaine de la critique, le premier long-métrage de Constance Meyer, 41 ans, Robuste, affiche un titre qui ment à moitié. Car si le film met bien en présence deux colosses – corps impressionnants, esprits peu malléables – dont la force s’impose au premier coup d’œil, ce sont deux colosses aux cœurs fragiles auxquels nous avons affaire.
Le premier, Georges, acteur de cinéma célèbre – ressemblant comme deux gouttes d’eau à celui qui l’interprète (Gérard Depardieu) –, a beau en imposer, il n’en demeure pas moins usé, fatigué du cirque qui l’entoure, privé de souffle le soir venu, quand l’angoisse le rend sujet à des crises de tachycardie. La deuxième, Aïssa (Déborah Lukumuena), agente de sécurité et lutteuse de haut niveau, peut toujours se vanter d’avoir un jour « pété la clavicule » d’un garçon un peu gênant, elle est une jeune fille de 25 ans qui n’attend pas mieux que de pouvoir abandonner son corps puissant aux tendres bras d’un amoureux. Durant quelques semaines, elle va devoir veiller sur Georges. C’est cette cohabitation que montre Robuste, sans faire de mystère.
On sait, en effet, dès le début, que ces deux-là, d’âges très différents, issus de milieux opposés, vont s’entendre. Ils se reniflent, s’observent, plus intrigués que méfiants ou hostiles. Ils ont pour les rapprocher la même tendresse qui les oblige à vouloir se protéger et à ne se « laisser emmerder par personne ». A partir de ce postulat, le film n’évolue guère, nous laissant à l’observation de ces deux personnages réunis. L’un jouant son propre rôle sans divulguer autre chose que ce que l’on sait déjà de lui. Georges s’abreuve et se nourrit jusqu’à saturation, ronchonne à tout bout de champs, vit à l’excès, plante ses producteurs américains, accepte à contrecœur un tournage pour rembourser ses dettes. Gérard Depardieu apparaît tel qu’en lui-même. L’observation du phénomène assure le spectacle et déclenche les rires dans la salle. Rien de bien surprenant à cela.
Fragilité de l’acteur
En revanche, épate la façon dont Déborah Lukumuena, révélée dans Divines (2016), d’Houda Benyamina, trouve sa place face au « monstre » qui l’accapare dans le film. La jeune comédienne a suffisamment de répondant, de personnalité et de talent pour ne pas se laisser engloutir par une grande star. Au juste endroit, elle offre une présence solide. Un jeu à l’image même de son personnage : au service de son client mais vigilante, soucieuse de garder ses distances. Témoin et révélateur de la fragilité de l’acteur, gamine qui sait s’émouvoir sans se laisser faire, c’est elle le pilier de Georges. Mais aussi du film.
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